Mme la Directrice académique, M le Vice-président du Conseil départemental, Mmes et Ms les représentants, chères et chers collègues,

Le gouvernement veut accélérer les réformes, il matraque les français d’en bas, catégorie par catégorie, méthodiquement. Mais c’est bien la marche arrière qui est passée.

Sous couvert de discours modernistes, ce sont bien des reculs sociaux majeurs qu’ils préparent faisant toujours la part belle aux plus fortunés.

Doutes, inquiétudes, mécontentements grandissent et les mobilisations sont nombreuses comme à la SNCF, Air France, dans la Fonction publique…. mais aussi chez les jeunes qui souhaitent une réelle démocratisation de l’université ou encore chez les retraités qui exigent de meilleures conditions de vie. Tous ces mouvements ont un point commun : la nécessité de préserver et conforter notre modèle social fondé sur des valeurs et principes notamment ceux d’égalité et de solidarité.

La FSU considère que pour permettre à la Fonction publique de répondre aux besoins des usager-es et de la société, il faut lui permettre de poursuivre ses évolutions sur d’autres bases que celles mises aujourd’hui dans le paysage par le gouvernement et s’appuyer davantage sur la professionnalité et l’engagement des agent-es.

1er degré

Les injonctions de notre ministre de l’Éducation Nationale aux enseignants du primaire sont incessantes, humiliantes, sous entendant les unes après les autres que nos collègues professeur.e.s des écoles ne connaissent pas même les fondamentaux de leur métier. Alors qu’ils doivent inventer sans cesse, créer des pédagogies nouvelles pour chaque nouvelle génération, expertiser des troubles des apprentissages, seuls dans leurs classes pour ne pas « laisser tomber » certains élèves pour lesquels l’Éducation Nationale ne propose plus rien, … , ou rien que du baratin. Ils sont seuls aussi, devant les parents d’élèves que l’on a convaincus d’être méfiants, défiants.

Cette année encore des classes par dizaines, des écoles même, ferment dans le Finistère. La FSU met en garde pour la rentrée à venir sur la fragilisation des beaucoup d’écoles et de leurs équipes enseignantes si un deuxième train de fermetures devait survenir à la rentrée. Partout où les écoles ferment, c’est la fuite vers le privé, quoiqu’en disent, à chaque fois, les services académiques. C’est une privatisation progressive de l’école à laquelle nous assistons, lente et inexorable. Éloignant un peu plus chaque jour nos enfants du monde solidaire et juste que nous rêvons tous pour eux. Mais peut-être pas tous, malheureusement.

Et certains d’entre nous ont rêvé ce monde aussi en breton. Et ils y mettent toutes leurs forces, leur cœur. Mais vous tentez, Madame l’inspectrice d’Académie, de les ostraciser en leur opposant systématiquement les équipes pédagogiques. Le principe d’une classe monolingue fermée pour ouvrir une classe bilingue est ce que l’on peut imaginer de pire pour l’enseignement du breton. On lui fabrique des ennemis. Vous condamnez les bretonnants à se faire haïr pour exister. Ainsi, la carte des ouvertures de classes prévue en CALR se retrouve tronquée, inutile. Insidieusement, les services de l’état ne prennent pas leurs responsabilités, celles qu’ils ont eux-mêmes définies. Encore du baratin.

Parcoursup

Depuis octobre 2017, nous dénonçons la loi orientation et réussite des étudiants (ORE) , du ministre de l’ enseignement supérieur, ses effets négatifs sur l’accès de toutes et tous aux formations du supérieur et les conditions de sa mise en place dans la précipitation.

Il apparaît évident aujourd’hui, alors que Parcoursup a rendu ses premiers arbitrages, que nos craintes étaient fondées… Malheureusement, nos ministres de tutelle Mme Vidal et M. Blanquer, n’en ont absolument pas tenu compte.

Selon les sources ministérielles, près de la moitié des lycéens et des étudiants en attente de réorientation n’avaient aucune réponse positive le mardi 22 mai à l’ouverture de la plate-forme. 29 000 n’avaient que des réponses négatives, les autres étaient « en attente » sur au moins un vœu.

Pour rappel, avec l’ancien système d’affectation (APB), plus de 60 % des candidats avaient au moins un vœu satisfait au premier tour d’affectation. Utilisant la dénonciation du recours au tirage au sort, la ministre a mené dans la précipitation une réforme de tout le système en septembre 2017. Cette procédure était inacceptable et injuste pour les jeunes qui en ont été victimes. Nous rappelons néanmoins que 0,4 % des candidats ont été pénalisés par le tirage au sort, alors qu’aujourd’hui ils et elles sont plusieurs centaines de milliers qui vont être départagés sur des critères opaques, injustes et discriminants.

Opaques parce que ni eux, ni leurs familles, ni leurs enseignants de lycée n’ont connaissance des critères ou algorithmes locaux mis en place pour déterminer l’ordre des dossiers.

Discriminants parce qu’il apparaît que dans les critères locaux, des pondérations de moyenne en fonction de la filière de baccalauréat et des lycées d’origine ont pu être appliquées, ce qui renforce la sélection sociale déjà à l’œuvre en faisant de l’établissement, c’est-à-dire de sa réputation, un élément déterminant pour classer les demandes. Difficile de dire dans ce cas que le service public garantit l’égalité d’accès de toutes et tous à l’éducation et aux diplômes.

Les lycéens sont assommés, découragés et en colère.

Au lieu de répondre aux questions des lycéens, des familles, des personnels, d’entendre leurs demandes, leurs peurs, leur colère, le gouvernement mène une campagne de communication de grande ampleur qui vise à prouver que tout va bien, encore du baratin, et envoie la police contre les étudiants et les lycéens qui expriment leur désaccord sur leurs lieux d’études.

Réforme de la voie professionnelle

La réforme de la voie professionnelle annoncée lundi 28 mai par le ministre est dans la suite logique de la généralisation du bac pro 3 ans lancée il y a 10 ans. Elle est idéologique et budgétaire. Idéologique car elle contribue au transfert de la formation professionnelle initiale vers les branches professionnelles et le patronat. Budgétaire car elle diminue le temps de formation et les heures d’enseignements. A travers elle, c’est une nouvelle baisse des savoirs et des savoir-faire qui se profile.

Pour la FSU, ce projet ministériel, dans la continuité des modifications prévues pour l’apprentissage, fragilise davantage l’enseignement professionnel. Alors qu’il communique sur une valorisation de la formation professionnelle, encore du baratin, le ministre s’apprête, avec ses mesures, à détruire l’enseignement professionnel public. Le FSU ne peut accepter cette marche en avant vers la destruction de nos lycées pros.

Orientation

De la même façon, la FSU s’élève contre le projet de régionalisation de l’orientation scolaire annoncé comme la panacée, encore du baratin, et la probable fermeture des CIO qui, seuls, garantissent une équité de traitement, à l’heure où parcoursup demande une expertise particulière qui creuse un peu plus le fossé social, et alors qu’au contraire il faut rapidement augmenter le nombre de psyEN pour répondre à l’urgence.

Migrants

Enfin, c’est avec une immense tristesse que nous avons constaté que les services départementaux de l’aide social à l’enfance, mettant à l’abri des enfants migrants isolés, non content de ne pas les scolariser, même avant 16 ans, les jettent souvent dehors, au cœur de l’hiver. Alors même qu’une majorité de ces enfants se sont vus contraints d’abandonner leur famille, leur pays et de se jeter sur les routes, de subir les camps d’esclaves de Lybie, de frôler la mort en traversant la Méditerranée, au milieu des cadavres, de traverser les Alpes à pied. Et si ces enfants étaient nos enfants, pourrions-nous continuer notre baratin ? Et si un jour c’était leur tour de fuir. Trouveraient-ils quelque part un peu de dignité, de chaleur ? Sommes-nous en train de perdre collectivement notre humanité ?

Mesdames et messieurs, la guerre sociale est déclarée. C’est une guerre éclair qui nous laisse peu de chance de défendre une vision juste de la société. Cette justice, à travers l’école, est attaquée sur le très long terme, par des réformes qui veulent rétablir un ordre ancien, et sauver les meubles d’un monde de dominants et de dominés, à l’heure, pourtant, où les masses surexploitées du monde frappent à nos portes et viennent chercher leur dû.

Yann FOUCHER